Messages clés
Les longues distances, l’isolement et le transport constituent un énorme défi et une source de stress additionnel pour les femmes atteintes d’un cancer du sein et leurs aidants en région rurale. Sans l’appui de leur partenaire, de leur famille et de leurs professionnels de la santé, les patientes se sentent vulnérables et seules, que ce soit en milieu rural ou urbain. Les contraintes d’ordre physique ou logistique, notamment les problèmes de transport, les dépenses engendrées par les déplacements, les absences au travail et l’incapacité à remplir des obligations familiales, intensifient le malaise et la souffrance. De telles conditions assombrissent l’expérience de soins des patientes et des aidants, incitant les patientes à rechercher « le cheminement de traitement le moins stressant » ou à refuser le traitement de leur cancer s’il est à un stade avancé, si elles sont âgées ou si elles n’ont pas de soutien. Les professionnels de la santé ressentent le même sentiment de frustration devant la distance et la nécessité pour les patientes de se déplacer.Dans certains cas, la perception de la ruralité atténue les obstacles apparents au traitement chirurgical. Certaines patientes acceptent le fait que pour vivre en milieu rural, l’on doive se déplacer et engager des dépenses à ce chapitre, et les valeurs rurales d’autosuffisance et d’endurance transparaissent dans le compte rendu de l’expérience de soins. Adopter la culture rurale peut se traduire par l’adhésion au principe d’autonomie, menant les patientes à opter pour un cheminement thérapeutique qui limite les perturbations du travail et des activités de la vie quotidienne et qui leur permet de ne pas avoir à compter sur autrui. Ainsi, certaines ont choisi la mastectomie plutôt que la chirurgie mammaire conservatrice pour éviter la radiothérapie et les déplacements à répétition au centre de traitement du cancer. Un certain stoïcisme caractéristique du milieu rural transparait également dans la réticence générale à se faire soigner, qui pourrait expliquer en partie le phénomène courant du diagnostic tardif du cancer du sein chez les femmes en région rurale.La pénurie de professionnels de la santé et la fragmentation des services de santé sont d’autres désavantages de la région rurale qui entrainent des répercussions, notamment l’allongement du délai de diagnostic, la multiplication des déplacements dans les centres urbains, la brièveté des consultations et l’accès limité au soutien médical. Quant aux professionnels de la santé, ils doivent s’adapter en modulant leurs fonctions et en déléguant des responsabilités. La mauvaise communication et le manque de coordination entre les prestataires de soins sèment la confusion chez les patientes quant aux rôles et aux responsabilités des professionnels de la santé et les font se sentir perdues dans les méandres du système de santé.En général, les déplacements et la distance comme tels n’influent pas sur l’expérience du traitement chirurgical du cancer du sein. Les patientes, les aidants et les professionnels de la santé rationalisent ces questions différemment selon d’autres facteurs, comme la culture rurale, l’accès au soutien, l’âge, les caractéristiques du cancer, l’offre de professionnels de la santé et la coordination des soins. Les patientes et les aidants en région rurale se disent en général très satisfaits du traitement et des soins, surtout en comparaison avec leurs homologues en région urbaine.